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à la croisée des chemins


A la croisée des chemins

Dans son ordonnance sur les Eaux et Forêts de 1669, Louis XIV assigne à la croix un véritable rôle de balise : « …ordonnons que, dans les angles ou coins des places, croisées, triviaires et biviaires, qui se rencontrent ès grandes routes et chemins royaux des forêts, nos officiers des maîtrises feront incessamment planter des croix à nos frais, ès bois qui nous appartiennent, et, par les autres, aux frais des villes plus voisines et intéressées, avec inscriptions et marques apparentes du lieu où chacune conduit… »

Les paysages de nos campagnes sont ainsi marqués, sur ordre du roi depuis le 17° siècle, par les symboles chrétiens qui quadrillent leurs terroirs. La croix se dresse partout au bord des routes et aux carrefours des chemins, dans nos campagnes, dans les rues et sur les places de nos villages, témoignant ainsi des racines de la culture chrétienne qui a façonné la France et l’Europe. La croix a été depuis longtemps, et le reste encore, la seule signature que les humbles sachent faire.

Véritables balises, les croix marquent des emplacements choisis en fonction du rôle qu’elles sont amenées à remplir et sont désignées par différends vocables spécifiques. En parcourant les routes et chemins communaux, on rencontre des croix de chemins et de carrefour comme la croix du Chanal et celle du Roc Blanc, des croix de Rogations, où l’on se rendait pour la bénédiction des terres et des récoltes, comme celle du Village du Saule.

Les croix des Sarres et de Labrunie sont aussi des croix de pèlerinage annuel, célébré le 8 septembre, depuis l’an 1847. A cette époque, le curé écrit à l’évêque de Tulle et lui expose que  «  ses paroissiens dont les récoltes sont fréquemment dévastées par les orages, ont manifesté un vif désir de se placer, d’une manière spéciale, sous la protection toute puissante de la Sainte Vierge, en célébrant à cette intention particulière, une des fêtes établies en son honneur ». L’évêque accède à ce « pieux désir et autorise le curé de Saint Bazile de Meyssac à choisir pour ses paroissiens, dans le but ci-dessus exprimé, la fête de la nativité de la Vierge, et de faire de ce jour-là une procession en son honneur ».

Les matériaux utilisés sont le plus souvent du fer forgé, plus ou moins ouvragé, posé sur un socle en pierre. Celle de Labrunie est entièrement faite en pierre. Il est à noter que celle de Gimel est posée sur un socle de pierre ouvragé, et décoré d’étoiles à 5 branches.

Face au portail de l’église, on trouve une croix dite  « croix de la Passion ». Elle est en fer forgé, de plusieurs mètres de hauteur, posée sur un socle rond. Sa forme est simple, sans personnages latéraux. Seule, la vierge, le regard dirigé vers le sol, écrase de ses pieds le serpent de la tentation. Cette croix porte tous les symboles de la passion du Christ : la lance, l’échelle, les outils (marteau, clous, tenailles), le calice. Sur la partie droite, les petits ronds de métal composant une barrette de 30 pièces de monnaie. Ce sont les 30 pièces d’argent données à Judas pour le prix de sa trahison. La présence de ces 30 pièces sur une croix de la passion n’est pas unique mais elle est assez rare. On peut en découvrir une semblable à Collonges la Rouge.